Par principe, la religion suppose que l’on ne peut pas
écouter directement la parole de Dieu, mais seulement suivre l’interprétation
des médiateurs de la foi. Pour faire simple les directeurs de conscience
pensent que pour avancer dans la résolution des problèmes moraux que se pose
l’humanité, il faut appliquer les paroles originelles du texte sacré, et que
seule la religion est bonne à partir de leur interprétation. Le problème avec
ce raisonnement, c’est qu’il y a toujours des conflits d’interprétations qui
condensent les rivalités. Le porte-drapeau que l’on brandit dans toutes les
guerres peu alors justifié des atrocités, et devient ainsi le symbole suprême
de l’argument d’autorité pour interdire par avance toute réflexion.
En résumé c’est la crispation des religions sur
elles-mêmes, qui traduit la montée des intégrismes et sert de prétexte à toutes
les dominations politiques, à tous les actes de barbarie perpétrés par les
fanatiques. Enfin, pour que la boucle soit bien fermée, et l’interprétation
verrouillée, on accorde l’infaillibilité aux textes sacrés et l’autorité
suprême à ceux qui sont en position de direction au sein d’une organisation
religieuse.
On peut même aller plus loin en disant que la soumission
à la transcendance d’un Dieu, vindicatif, capricieux, coléreux et vengeur n’a
rien de spirituel. Nous ne pouvons donc plus accepter ce dogme et cette morale
qui ne fonctionnent plus dans notre monde actuel.
Ce ne sont pas les religions qui vont libérer l’homme,
mais la connaissance, la connaissance ésotérique, donc aussi la science parce
qu’elle en apportera la preuve. La conséquence est donc que l’idée de Dieu de
la religion est nécessairement une croyance ancienne, ou une ancienne idée qui
essaye de se maintenir. Il y a des millénaires que Dieu ne s’adresse plus aux
hommes. La révélation a eu lieu dans le passé : dans la parole de Dieu confiée
à Moïse, aux prophètes dans la Bible, dans les paroles de Jésus consignées dans
les Évangiles, dans les Sourates données à Mohamed dans le Coran etc. La
pratique religieuse, le rituel, effectue une répétition de la révélation
première et réaffirme l’appartenance du fidèle à une tradition. On peut tout de
même reconnaître qu’il existe des religions moins dogmatiques, des religions
fondées sur une théologie de l’humilité. Mais ce ne sont pas ces religions qui
font aujourd’hui problème.
La question de Dieu n’est pas du seul ressort de la
religion. La question de Dieu est d’abord une question métaphysique. La Foi est
une sorte de saut dans l’irrationnel. Il n’y a pas une, mais des révélations. Chacun
sa révélation. Il est donc présupposé que les vérités de la foi ne comportent
pas d’évidence, voire sont incompréhensibles au regard de la raison. Il peut
très bien y avoir une spiritualité en dehors de toute religion établie. La
spiritualité ne suppose pas d’organisation qui soit propice à la formation d’un
dogme. L’esprit religieux est radicalement différent de l’esprit
de la croyance à une religion
Octobre 2013
Photo : Inconnu
Voyez aussi :
Philosophie et spiritualité (Leibniz, Bergson, Spinoza, Krishnamurti )
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