Bienvenu dans la divine comédie de l’Ego, regardez bien
en face le monde fabriqué par les simulacres qui l’emportent sur le réel. Voyez
ce qu’il produit dans la relation, voyez
le nombrilisme qui s’exhibe avec les moyens de diffusions. Comme
la boite de Pandore c’est la vitrine de tous les désirs. Celle qui fait sortir
les tromperies des profondeurs, la machine hypnotique qui permet de réassurer
sans cesse tous les rêves et tous les fantasmes. C’est tellement fascinant et
séduisant qu’il en devient plus réel que le présent. L'euphémisme à son comble.
Un futur inéluctable qui apparaît doté de tellement de
« j’aime » qu’il en devient réel. Combien de « likes »
aujourd’hui ? Un jour peut-être,
dans l’avenir, ma reconnaissance sera comblée, un jour peut-être ce manque qui
me tenaille sera résolu. Je n’y suis pas encore arrivé, mais avec le temps, j’y
parviendrais, j’y arriverai demain, cette soif de devenir, ardente et insatiable,
est toujours là, car l’envie harassante de l’avenir n’est rien d’autre que de
combler ce manque de toujours plus.
Toujours plus. Acquérir plus. Étendre la conquête, s’assurer
d’une possession de plus en plus importante dans un futur peuplé de promesses. Le
futur n’interdit rien, j’y serai bientôt, c’est pour demain, mais en attendant,
il faut se battre, vaincre les obstacles, lutter bec et ongles contre tout ce
qui me barre la route. Ce qui compte dans la divine comédie de l’Ego ce n’est
pas le sens, mais l’objet pour autant qu’il symbolise un pouvoir capable de
renforcer l’identité. Il voudrait bien nous persuader qu’il est la personne,
mais ce n’est qu’une fiction personnelle tissée par la pensée qui joue le rôle
dans un transfert d’identification, d’un faire-valoir. L’ego peut en effet
passer par la porte de derrière de manière subtile, masquer sous des dehors
nobles, généreux, et socialement admissibles. Il est très rusé et peut très
bien avoir un sens du moi supérieur en étant arrogant chez l’homme
prétendument religieux. Il est puissant chez le moraliste quand il donne des
leçons en matière de générosité. Il voudrait nous faire croire qu’il est bien,
mais il n'est suprêmement désirable que dans l’illusion.
Dans la fable de La Fontaine la grenouille veut se faire
aussi grosse que le bœuf, en cherchant à s’enfler démesurément… Jusqu’à en
éclater dans le faire valoir de l’identité. « Moi-je » plus imbu
de lui-même quand il trouve un piédestal pour se mettre en exergue ou se porter
en triomphe. Il sait se faire valoir dans l’affirmation d’une certaine
supériorité sur autrui. L’Ego n’est désirable et n’a de valeur que parce qu’il
est le support d’une reconnaissance. Il voudrait nous persuader qu’il est la
personne, mais ce n’est qu’une fiction personnelle tissée par la pensée qui
joue le rôle dans un transfert d’identification d’un faire-valoir. L’ego est à
tout jamais incapable d’aimer, ou bien, ce qu’il propose, c’est une caricature
de l’amour sous la forme de l’attachement. « Tu m’appartiens » Il est un
expert en détournement affectif, moral, intellectuel et même spirituel pour son
propre compte. Il est dans le monde avec les rancunes, les regrets, les
ressentiments, les attentes, et les frustrations, mais il n’est pas dans le
nouveau monde.
Octobre 2013
Photo : slothello.canalblog.com
Voyez aussi :
Philosophie et spiritualité: Descartes - Les pensées de Pascal- Krisnamurti
Un texte enrichissant.
RépondreSupprimerBonne journée Bruno
Merci Marie pour tes mots.....Bonne journée à toi aussi
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