Nous vivons dans un déballage constant de l’intimité, nous
avons des centaines d’amis sur les réseaux sociaux, des milliers de blogs à
consulter, des centaines de mails qui s’échangent dans un rythme frénétique, et
cependant notre situation reste paradoxale malgré la puissance des flux
d’informations. On pourrait presque croire que notre conscience devient transparente
en circulant instantanément partout grâce à un clic de souris. Il n’y a plus de
frontières, les délais sont abrégés, nous pouvons effectuer des recherches,
publier nos travaux en les confrontant à la masse des informations qui submerge
et se noie dans cette océan digitale qui colporte aussi bien la rumeur, la
désinformation tendancieuse, le parti-pris polémique, le bavardage inutile,
autant que l’examen sérieux et approfondi.
Mais le plus drôle c’est que nous y croyons. Bien
entendu en occident nous sommes loin de l’obscurantisme du Moyen-âge, loin des
ténèbres des dictatures politiques et pour un peu on se prendrait bien à croire
que la vie au grand jour est là avec tous ses mystères éventés.
Le savoir, qui jadis était confiné dans des cercles étroits,
peut maintenant circuler partout instantanément mais aussi nuire à la qualité.
Est-ce que le déferlement des informations, par le biais
d’Internet a changé la donne ? Sommes-nous devenus impudiques en raison de
notre grande liberté d’expression ? Ce n’est pas si simple et on ne peut pas
reprocher non plus à cet outil d’être ce qu’il est. Tout dépend de ce que l’on en
fait, et du contenu que l’on y met. Il y a quelque chose de simpliste à vouloir
s’en prendre à Internet, parce qu’il étale des informations à n’en plus finir et tend à privilégier le représentable, mais ce qu’il faut surtout comprendre,
c’est que le contenu est le reflet de ce que nous sommes, c’est une image de la
conscience collective et de ses tendances.
Malheureusement le clivage du
monde virtuel a engendré une nouvelle forme de consommation avec cette dépendance qui lui est propre. La discussion se maintient à condition que chacun puisse
sauvegarder son point de vue, avant comme après. Il ne s’agit plus vraiment de
communiquer, ni même de composer un point de vue différent, mais surtout de
triompher dans l’échange, et rare sont ceux qui sont sincères. Bref nous sommes
encore très loin d’user consciemment de l’intelligence collective.
Cette relation de dépendance nous soulage de notre
souffrance d'avoir perdu un rapport direct avec la vie et les vibrations du
monde naturel. La superficialité et le rythme frénétique de notre civilisation
occidentale masquent notre solitude profonde et l'absence de communion avec le
monde qui pourrait nous redonner courage et épanouir nos sens par la richesse
d'un accès direct à la vie elle-même.
Septembre 2013
Photo: Can Stock
Virtuel quand tu nous tient.
RépondreSupprimerCertes Bruno.
Mais penchons nous un instant sur la réalité.
On décortique:
" profit. intérêt. (ce qui ressemble au précédent). apparence. ego. individualisme. exploitation. abandon."
Tu vois, ce n'est guère mieux.
Au moins au virtuel correspond le beau mot d'illusion. Et là, on avance en étant pleinement conscient que ce n'est que cela.
Amicalement.
On est bien d'accord Marie-Hélène, merci pour ton commentaire...........Amicalement
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