La question de fond du fantôme amoureux, c’est de savoir
comment l’écriture peut lui servir de support pour son travail sur soi, et de
quelle manière il doit servir ses récits, pour qu’il soit d’une réelle utilité
pour son concile amoureux. Doit-il se souvenir du passé pour retrouver les
nœuds temporels qui lui permettent d’accéder à la subjectivité de l’instant où
il a été l’acteur de l’événement heureux ?
Il a appris également par son expérience que les biens et les maux qui arrivent ne touchent pas selon leur grandeur mais selon la sensibilité. Il sait aussi, qu’il sera obligé dorénavant de mettre son armure qui le maintiendra debout et lui permettra d’utiliser sa sensibilité.
Il est capable de tout car le fatal n’existe pas chez le fantôme
amoureux. Il veut sentir palpiter frénétiquement en lui les rythmes de
l’amour, et sa mémoire cherche confusément à mettre au jour la continuité‚ de sa
relation amoureuse.
Dans une telle vision,
son égo prend une cohérence et s'organise peu à peu dans un tout, dont
la loi n'est pas imposée de l'extérieur par un chaos d'événements, mais plutôt
de l'intérieur, dans un réseau d'intentions plus vaste que le monde machiavélique
du moment.
Le fil conducteur de sa mémoire lui permet de ressaisir les lignes
de son destin pour une œuvre située dans le temps. Il sait que des recettes
magiques ont pour effet d’exaspérer la volupté des charmes secrets par des extases
sans pareil et que l’enthousiasme amoureux peut demeurer vivant jusqu'à la
vieillesse.
Août 2013
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