Exister sous le regard de l’autre à toujours était le leitmotiv
de la vie sociale. Cette puissance de l’égo qui s’exerce de plus en plus sur
les individus et très en vogue dans notre société. Sa manifestation sur les
réseaux sociaux est reconnue comme tel. C’est sous le terme de Matrice qu’elle
exerce cette forme de conditionnement non violente, qui consiste à s’emparer des
désirs du sujet, de sorte qu’il réagisse pour ce que l’on attend de lui. Sa
forme la plus subtile de conditionnement c’est la récompense. Le plus grand nombre
de like qu’il aura obtenu sera son triomphe, de sorte que le conditionnement soit lui-même désiré par le sujet.
L’ordinateur n’est plus un objet technique de
communication ou un outil d’information mais il est devenu pour la grande majorité de la matrice du
divertissement inter-réactif qui absorbe la conscience avec le sentiment d’exister
et de participer à la marche du monde. Ce qui était jadis un progrès et devenu
une servitude de l’esprit. Une addiction.
Dès que l’internaute s’assoit devant son écran, il devient
le héros qui s’identifie au flux continu et incessant. L’information qui s’embrase
ne l’échauffe plus d’un degré et l’inondation d’images ne le mouille plus, on
peut même le voir surfer au gré des flux et ainsi l’apprivoiser. Ce qui l’intéresse
ce n’est pas l’événement responsable, mais ce qui va se passer quand il
existera sous le regard virtuel des connectés. C’est simplement la vague
émotionnelle qui passe sur les flux qu’il attend. Il ouvre le robinet et fait la
vidange de toutes ses pensées personnelles, en entrant dans un état second se
trouvant en dessous du seuil de la pensée habituelle. Il oublie tout. Il attend
la ré-con-pense de la Matrice. Il s’engage ainsi dans une course effrénée où il
peut s’identifier à tous les jeux de rôle brûlant et passionnant. Facebook veille sur ces liens d'amitiés.
Pour obtenir une vérité quelconque sur lui, il faut qu’il
passe par l'autre et les réseaux sociaux permettent aux gens d’étaler, ou de
partager des informations relevant de leur vie privée. L'autre est
indispensable à son existence, aussi bien d'ailleurs, qu'à la connaissance qu’il
a de lui-même. Dans ces conditions, la découverte de son intimité se découvre
aussi en même temps, à l'autre.
Comme une liberté posée en face de lui, il découvre la
matrice, qui décide ce qu'il est, et ce que sont les autres.
Août 2013
Image: Matrix
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